Mauvaise conscience

A jacques CHIRAC



C'était un drôle d'hiver que cet hiver là

La neige envahissait tout depuis un mois déjà

Elle recouvrait les trottoirs

Elle recouvrait les rues les gens

Elle montait jusqu'au balcon du premier étage de cette maison

Au rez de chaussé habitait un couple de prolétaires

Lui était chômeur prolétaire

En fin de droit

Elle elle était femme du peuple

Sans emploi

Dans leur taudis il faisait froid

Depuis longtemps on leur avait coupé le gaz

Et l'eau aussi

Ils s'aimaient

Et vivaient d'amour

Et de glace fondue

C'était un drôle d'hiver !

Mais l'amour ne nourrit pas quand on a le ventre vide

Il neigeait

Et eux se mourraient

Pendant ce temps le locataire de la mairie

Dépensait en nourriture

Chaque jour

L'équivalent de trois SMIC mensuels

Et dormait au chaud

Du sommeil du juste

L'esprit tranquille

C'était un drôle d'hiver !

La neige recouvrait tout cette année là

Les remords

Et la mauvaise conscience

© Franck SIMON
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