A l'inventeur des mots



L'étoile du berger nous donne le nord

Quand nos pas nous égarent la nuit sur une lande rase

Le pont fragile délabré suspendu entre les rives d'une profonde gorge

Est le raccourci bienvenu pour nous éviter de longues heures d'effort

Le chemin de montagne caillouteux serpentant aride

Recherche le sommet pour un paysage grandiose

Les pensées difficiles torturées inachevées

Meurent avant que d'être exprimés

Inutilement prononcés souvent

Les mots s'éteignent dans les parfums du vent

Se mêlant malgré eux aux fragrances des autres

Perdant de leur vérité propre perdant la vérité offerte

Incapables de donner la parole apôtre

Ni de rendre à l'herbe sa douce couleur verte

Les mots sont des prédateurs anthropophages

Qui dévorent nos pensées

Tantôt serpents silencieux qui dérobent dans le nid trop peu surveillé

Et tuent dans l'œuf l'espoir d'une vie aillée

Tantôt vautours aux becs acérés

Qui rompent les os pour en sucer la moelle

Tantôt crabes qui marchent en crabe

Et ôtent au rocher les vestiges de mer

Les mots sont des liquides

Dans lesquels se perd la mémoire de l'homme

Les mots sont des rochers

Sur lesquels se brisent les lames d'une mer pensée

Les mots sont élastiques

Et ramènent sans cesse l'idée de celui qui l'émet

Les mots sont illusion

Ils ne font pas la passion

© Franck SIMON
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