La sirène


Je marchais dans la rue d'un pas nonchalant

J'écoutais tour à tour ma cigarette

La vue des passants

Le chant d'une assiette

Qu'on mange en jambon

Une sirène pêchait des poissons merveilleux

Elle avait mis des fleurs de jasmin au bout de son hameçon

Dans le caniveau elle noyait sa queue

Au premier lampadaire un pendu

Main tendue

Faisait la quête pour s'offrir un vélo et partir à la mer

Il voulait disait-il voguer sur une mouette

Un dromadaire qui rentrait de la guerre

Gagnait quelques sous

En laissant les passants lui caresser la bosse

Plus loin encore la fée Carabosse

Qui mâchait un missel de messe

Sifflotait tendrement en se grattant les fesses

Les yeux remplis de ces images douces

Je regagnais mon logis

Pour y passer la nuit

Ma porte était ouverte et mon tapis de laine rousse

Dansait avec mon poisson rouge

Sur une musique andalouse

Mes bouteilles ivres

Buvaient goulûment mes meilleurs vins

Mes livres

Eux pourtant sages

S'accouplaient page à page

Elle était là belle sirène

Etendue nue

Une cravate écossaise lui partageant les seins

« Je t'attendais » me dit-elle de sa voix de sirène

« Viens je t'offre mes reins »

J'ai rejoint le pendu

© Franck SIMON
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