A l'inventeur des mots
L'étoile du berger nous donne le nord
Quand nos pas nous égarent la nuit sur une lande rase
Le pont fragile délabré suspendu entre les rives d'une profonde gorge
Est le raccourci bienvenu pour nous éviter de longues heures d'effort
Le chemin de montagne caillouteux serpentant aride
Recherche le sommet pour un paysage grandiose
Les pensées difficiles torturées inachevées
Meurent avant que d'être exprimés
Inutilement prononcés souvent
Les mots s'éteignent dans les parfums du vent
Se mêlant malgré eux aux fragrances des autres
Perdant de leur vérité propre perdant la vérité offerte
Incapables de donner la parole apôtre
Ni de rendre à l'herbe sa douce couleur verte
Les mots sont des prédateurs anthropophages
Qui dévorent nos pensées
Tantôt serpents silencieux qui dérobent dans le nid trop peu surveillé
Et tuent dans l'œuf l'espoir d'une vie aillée
Tantôt vautours aux becs acérés
Qui rompent les os pour en sucer la moelle
Tantôt crabes qui marchent en crabe
Et ôtent au rocher les vestiges de mer
Les mots sont des liquides
Dans lesquels se perd la mémoire de l'homme
Les mots sont des rochers
Sur lesquels se brisent les lames d'une mer pensée
Les mots sont élastiques
Et ramènent sans cesse l'idée de celui qui l'émet
Les mots sont illusion
Ils ne font pas la passion